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particule touj. placée après un mot et marquant :A une opposition
soit avec une prop. antér., soit entre le mot qu’elle suit immédiat. et un mot de la prop. antér. ; elle répond d’ord. à un μέν,
qui souv. n’est pas exprimé, et s’emploie : I pour marquer une opposition
nettement déterminée, au sens de mais, mais au contraire, au contraire : οὐκ ἐπὶ κακῷ, ἐπ' ἐλευθερώσει δὲ τῶν Ἑλλήνων, THC.
4, 86, non pour le mal, mais au contraire pour l’affranchissement des Grecs ; τὸ μὲν (ἡ ἀδικία) μέγιστον κακῶν, δικαιοσύνη δὲ μέγιστον ἀγαθόν, PLAT.
Rsp. 366 e, l’une (l’injustice) est le plus grand des maux, la justice au contraire le plus grand bien ; εἰ μὲν… εἰ δὲ μή, PLAT.
Prot. 313 e, si d’une part… sinon, autrement ; τέθνηκεν ἀνδρὸς οὐδενός, θεοῦ δ' ὕπο, SOPH.
Ph. 334, il est mort non de la main d’aucun homme, mais de celle d’un dieu ;
particul. après un πλήν de la prop. préc. XÉN.
An. 1, 8, 6 ; SOPH.
Ph. 1053 ; O.R. 370 ; II pour marquer une opposition de simple correspondance, sans idée de contradiction, au sens de : (d’un côté…) de l’autre, mais, et : ὁ μὲν… ὁ δέ, ATT.
etc. l’un… l’autre ; τὴν μὲν… τὴν δὲ… τὴν δέ, PLAT.
Phæd. 110 c, l’une… l’autre…, l’autre,
en parl. des diverses parties de la terre ; dans cette construct. le premier terme (ὁ μέν)
peut être s.-entendu : παραδραμέτην φεύγων, ὁ δ' ὄπισθε διώκων, IL.
22, 157, ils passèrent en courant le long (des deux fontaines), (l’un) fuyant, l’autre par derrière le poursuivant ;
à ὁ δέ (
corrélatif de ὁ μέν)
s’ajoute qqf. ἕτερος : τὴν μὲν… τὴν δὲ ἑτέραν, CIA.
4, b, 27, b, 51 (439 av. J.C.), l’une…, l’autre ;
dans cette constr. le premier terme (ὁ μέν)
peut être s.-entendu : δύο σφραγῖδε λιθίνω, χρυσοῦν ἔχουσα τὸν δακτύλιον, ἡ δ' ἑτέρα ἀργυροῦν, CIA.
2, 652, a, 45 (398 av. J.C.) deux sceaux de pierre, ayant l’anneau l’un en or, l’autre en argent ; πάντα μὲν πόνον ἀνατλῆναι, πάντα δὲ κίνδυνον ὑπομεῖναι, XÉN.
Cyr. 1, 2, 1 (au point de) supporter toute sorte de fatigue, et d’affronter toute sorte de péril ; τὴν νῦν μὲν Βοιωτίαν, πρότερον δὲ Καδμηΐδα γῆν καλουμένην, THC.
1, 12, le pays appelé aujourd’hui Béotie, et autrefois Kadméide (terre de Kadmos) ;
en ce sens, μέν peut n’être pas exprimé : οἱ αἰχμάλωτοι ᾤχοντο εἰς Δεκέλειαν, οἱ δ' εἰς Μέγαρα, XÉN.
Hell. 1, 2, 14, les prisonniers s’en allaient les uns à Décélie, les autres à Mégare ;
III dans le raisonnement, pour introduire une objection, une réserve ou une question, mais : τί δέ ; ATT. (PLAT. XÉN.
etc.) mais quoi ? ἔστι δὲ τί ; PLAT.
Prot. 310 b, mais qu’est-ce ? σὺ δὲ οὐκ ἂν αἰσχύνοιο ;
ib. 312 a, mais toi, n’aurais-tu pas honte ? ;
IV après une prop. condit. ou hypothét. pour marquer qu’on passe outre à la condition ou à l’hypothèse faite (δέ
apodotique) ; en ce sens, l’idée de résolution qu’implique δέ peut se rendre par : 1 eh bien alors ! εἰ δέ κε μὴ δώωσιν, ἐγὼ δέ κεν αὐτὸς ἕλωμαι, IL.
1, 137, et s’ils ne voulaient pas la donner, eh bien ! alors je la prendrais moi-même ;
cf. OD.
12, 54 ; ESCHL.
Ag. 1060 ; 2 eh bien ! du moins : εἰ δ' ἐγένετο κακὴ γυνὴ Μήδεια, Πηνελόπεια δὲ μέγα πρᾶγμα, EUB. (ATH.
559 c),
litt. si Médée a été une mauvaise femme, eh bien ! Pénélope au moins a été une grande chose ;
cf. XÉN.
Cyr. 5, 5, 21 ; 3 nonobstant, pourtant, cependant : χρέων γάρ μιν μὴ λέγειν τὸ ἐόν, λέγει δ' ὦν, HDT.
5, 50, tandis qu’il aurait dû ne pas dire ce qu’il en était, le voilà qui le dit cependant ; SOPH.
Ant. 234, O.R. 302 ;B une liaison d’idées : I c. transition dans un récit, mais, or, cependant : ἠὼς δ' ἐκ λεχέων ὤρνυτο, OD.
5, 1, cependant l’aurore se levait de sa couche ;
cf. OD.
4, 400 ; etc. ; II pour annoncer une parenthèse, or : ξυνέϐησαν τὰ μακρὰ τείχη ἑλεῖν (ἦν δὲ σταδίων μάλιστα ὀκτώ), THC.
4, 66, ils convinrent de s’emparer des longs murs (or il y avait environ huit stades) ;
III pour lier les divers qualificatifs d’un même mot, et aussi, et en même temps, et : μήτηρ βασιλέως, βασίλεια δ' ἐμή, ESCHL.
Pers. 152, la mère du roi, et (tout à la fois) ma reine ;
cf. HDT.
7, 8, 2 ; etc. ; IV après un mot répété, et de même, et aussi, et encore : Ἀχιλεὺς θάμϐησεν, θάμϐησαν δὲ καὶ ἄλλοι, IL.
24, 483, Achille fut frappé de stupeur et comme lui les autres ;
particul. : 1 dans une énumération : Ζεύς ἐστιν αἰθήρ, Ζεὺς δὲ γῆ, Ζεὺς δ' οὐρανός, ESCHL.
fr. 65, Zeus est l’espace de l’air, Zeus est aussi la terre, Zeus est aussi le ciel ;
en ce cas, δέ peut n’être exprimé qu’une fois avec le dernier mot de la série, dont les termes peuvent être réunis par καί : πᾶν γύναιον καὶ παιδίον καὶ θηρίον δέ, PLAT.
Theæt. 171 e, tout ce qui est femme, enfant et même animal ;
de même dans les construct. πρῶτον μὲν… ἔπειτα δέ,
ou simpl. πρῶτον μὲν…, … δέ, d’abord… et ensuite ; d’abord… puis ; οὐ μόνον…, … δέ, PLAT.
Leg. 666 e,
747 e,
751 b,
etc. non seulement, mais encore ;
2 lorsqu’on reprend une idée dont on a interrompu le développement par une parenthèse : ταῦτα δὲ ἀγασθεὶς ὁ Κῦρος, … τούτοις δὲ ἡσθείς, XÉN.
Cyr. 2, 3, 8, Cyrus charmé de cela, … Cyrus, dis-je, enchanté,
etc. ; τὸ πυρὶ μεμιγμένον ὕδωρ, … τοῦτο δέ, PLAT.
Tim. 59 d, l’eau mêlée au feu, … l’eau, dis-je,
etc. ; V dans le dialogue, particul. : 1 dans les questions, pour marquer une liaison avec une idée antérieure exprimée ou s.-entendue, mais censée comprise par les deux interlocuteurs, ainsi donc ! eh bien donc ! donc ! ἑόρακας δ', ἔφη, τὴν γυναῖκα ; XÉN.
Cyr. 5, 1, 4, ainsi donc, dit-il, tu as vu la femme ? καὶ ὁ Σωκράτης, εἰπέ μοι, ἔφη, κύνας δὲ τρέφεις ; XÉN.
Mem. 2, 9, 2, et Socrate : ainsi donc, raconte-moi, lui dit-il, tu entretiens une meute ? ;
2 après un vocatif ; en ce cas, δέ peut se traduire par : eh bien, oui ! ὦ δέσποτα, ἐγὼ δὲ ταῦτα ἐποίησα, HDT.
1, 115, eh bien, oui ! maître, c’est moi qui ai fait cela ;
ou simpl., pour mettre en relief le mot qui précède δέ,
par : « c’est » : Ἥφαιστε, σοὶ δὲ χρὴ μέλειν ἐπιστολάς, ESCHL.
Pr. 3, Hèphæstos, c’est à toi qu’il appartient d’exécuter les ordres ;
dans les questions, par : « et », « donc » : ὦ γύναι, ὄνομα δέ σοι τί ἔστιν ; XÉN. femme, quel est donc ton nom ? ;
VI pour introduire : 1 une explication, à peu près au sens de γάρ : εὐνῇ δ' οὔποτ' ἔμικτο, χόλον δ' ἀλέεινε γυναικός, OD.
1, 433, mais il ne s’unit jamais à elle dans sa couche, car il craignait le ressentiment de sa femme ;
cf. IL.
6, 160 ; 2 une preuve : τεκμήριον δέ,
ou σημεῖον δέ (
v. ces mots), et comme preuve,
etc. ; et la preuve, c’est que,
etc. ; VII pour marquer une progression, au sens de bien plus, et même,
particul. après καί : ἀλλ' ἐγὼ οὐδέν σε ῥέξω κακά, καὶ δέ κεν ἄλλον σεῦ ἀπαλεξήσαιμι, IL.
24, 370, mais pour moi je ne te ferai aucun mal, loin de là (
ou bien plus) j’écarterais de toi tout être malfaisant (
cf. IL.
24, 563 ; OD.
7, 213) ; οὐδένα ὅντινα οὐ δακρύοντα, καὶ Κῦρον δὲ αὐτὸν σὺν δακρύοις, XÉN.
Cyr. 1, 4, 26, on ne voyait absolument personne qui ne pleurât : même Cyrus lui aussi était en larmes ;
VIII pour renforcer une affirmation, particul. après un pron. démonstr. de façon à marquer fortement la corrélat. avec le relat. : οἵηπερ φύλλων γενεή, τοίη δὲ καὶ ἀνδρῶν, IL.
6, 146, telle la race des feuilles, telle aussi celle des hommes ;
de même ὅσσον…, ὣς δέ, autant que…, autant certes, OD.
7, 108 ; IX pour marquer une coordination, au sens de « juste à ce moment, alors même, alors »
particul. lorsque la prop. précéd. commence par une des conj. ἐπεί, ἐπειδή, ὅτε,
etc. : οἱ δ' ἐπεὶ οὖν ἤγερθεν, τοῖσι δ' ἀνιστάμενος μετέφη Ἀχιλλεύς, IL.
1, 58, lors donc que ceux-ci furent rassemblés, Achille se levant au milieu d’eux leur parla ;
cf. IL.
7, 149 ; OD.
6, 100 ; etc. ; de même après ἐπειδή, IL.
16, 199 ; après ὅτε
et ὁπότε, IL.
5, 439 ; OD.
11, 592 ; après εὖτε, IL.
12, 375 ; OD.
20, 57 et 77 ; après ὄφρα, IL.
4, 221 ; OD.
10, 126 ; après ἕως, IL.
1, 194 ; etc. ; OD.
4, 121 ; etc. ; ou après un partic. σειρὴν κρεμάσαντες πάντες δ' ἐξάπτεσθε, IL.
8, 20, suspendez une chaîne et tenez-vous tous cramponnés après ;
C construction et place de δέ :
I δέ
se construit en corrélation : 1 avec μέν (
v. ci-dessus A, I, 1) ;
à un μέν peuvent correspondre deux ou plusieurs δέ, XÉN.
Cyr. 1, 6, 19 ; SOPH.
O.R. 1360 ; Ant. 415 ; etc. ; 2 avec τε (ὀρθά τ' εἰσηκούσαμεν, ὀρθῶς δ' ὁδοιποροῦμεν, SOPH.
El. 1099) ; cf. PLAT.
Pol. 284 d,
Crat. 406 c,
Tim. 20 a,
Leg. 641 b,
etc. ; II il se joint à d’autres particules : καὶ δέ (
v. ci-dessus, B, VII) ;
ou καὶ… δέ (
v. ci-dessus καὶ θηρίον δέ, B, IV, 1) ;
cf. PLAT.
Phædr. 229 d,
Leg. 637 b,
665 b ; δὲ ἄρα
ou δ' ἄρα, eh bien certes ! eh bien alors ! IL.
5, 836 ; 11, 73 ; 14, 492, etc. ; OD.
2, 13 ; 19, 204, etc. ; — δὲ γάρ, mais en effet (
c. ἀλλὰ γάρ,
v. ἀλλά), SOPH.
Aj. 678 ; HDT. ATT. — δέ γε, mais certes, mais sûrement, dans tous les cas certes, SOPH.
O.R. 570, Aj. 1150 ; PLAT.
Phædr. 230 c,
Gorg. 440 d,
Phæd. 74 c,
Theæt. 146 e,
etc. ; qqf. suivi de που (δέ γέ που), mais certes en qqe façon, PLAT.
Phæd. 65 c,
Parm. 134 b ;
qqf. δὲ… γε, PLAT.
Leg. 680 e,
802 c,
etc. — δὲ δή
avec une idée de temps, mais (
ou et) alors, mais maintenant, mais en ce moment, IL.
7, 94 ; SOPH.
Ant. 80 ; PLAT.
Phædr. 238 d,
Phæd. 64 a,
Pol. 265 b,
etc. ; ou avec idée d’affirmation, mais certes, mais en vérité, PLAT.
Prot. 312 a et e, 358 b ;
Gorg. 452 c,
474 c,
etc. ; — δ' οὖν, eh bien donc ! SOPH.
O.R. 310, O.C. 1205, El. 891, Tr. 1157, etc. ; PLAT.
Ap. init., Leg. 653 a,
etc. ; ou mais cependant, PLAT.
Conv. 180 c,
etc. — δέ που, mais en qqe sorte, mais aussi bien, PLAT.
Parm. 148 b,
Rsp. 459 c et d, 528 b ;
etc. (cf. ci-dessus δέ γέ που) ; — δέ τε, et aussi, IL.
1, 403 ; ou d’autre part, IL.
24, 17 ; ou mais aussi, OD.
1, 53 ; 4, 379 ; p. opp. à μέν τε, IL.
5, 139 ; — δέ τοι, et certes, et en vérité, PLAT.
Theæt. 184 d ;
cf. HDT. XÉN.
etc. ; III δέ
se place d’ord. le 2e mot, entre l’art. et le subst., entre la prép. et son rég. ou en gén. après le mot qui s’oppose à l’idée qu’on vient d’exprimer ; mais il se place qqf. : 1 par nécessité prosodique, ou parce que les mots qui le précèdent sont étroitement unis par le sens : le 3e mot (ξὺν τύχῃ δέ, SOPH.
Ph. 775) ; cf. ESCHL.
Sept. 411, Eum. 530, etc. ; SOPH.
Ph. 959, 971 ; O.R. 879, Ant. 592, etc. ; le 4e (εἰ μὴ θέλοι δέ, SOPH.
Ph. 618) ; cf. ESCHL.
Pr. 321, 381 ; SOPH.
O.R. 485, 1282, etc. ; le 5e, ESCHL.
Pr. 398 ; même le 6e, EPIGEN.
3, 540 Meineke ; 2 après les nég. οὐ et μή, on le rejette à la suite d’un autre mot pour éviter la confusion avec οὐδέ et μηδέ : ὀρθῶς ἔλεξας, οὐ φίλως δέ μοι λέγεις, EUR.
Or. 100, tu as bien parlé, mais ce que tu dis n’est pas agréable pour moi ;
cf. PLAT.
Phædr. 227 c ; δυνάμενον μὲν χάριν ἀποδιδόναι, μὴ ἀποδιδόντα δέ, XÉN.
Cyr. 1, 2, 7, pouvant témoigner sa reconnaissance, mais ne le faisant pas ;
3 δέ
se place qqf. à la fin du vers, lorsque les derniers mots de ce vers sont étroitement unis par le sens aux premiers des suiv. SOPH.
El. 448, 1017 ; O.R. 29, 553, 785, 1224 ; O.C. 17 ; Ant. 1031 ; Ph. 447.
➳ δέ est allongé à la thésis dev. une liquide, OD. 24, 299.
Étym. indo-europ. *de, particule déictique « ici, là » ; probabl. forme affaiblie de δή ; cf. μέν et μήν.
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Bailly 2020 Hugo Chávez Gérard Gréco, André Charbonnet, Mark De Wilde, Bernard Maréchal & contributeurs / Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification — « CC BY-NC-ND 4.0 »